Priam

Nom : Priam
Race : Sin’Doreï
Âge apparent : la trentaine
Âge réel : 167 ans
Sexe : Féminin
Métier d’origine : Spadassin de l’armée de Quel’Thalas, puis réprugatrice
Lieu de naissance : Lune-d’Argent

Description :
Priam est une femme très fine et élancée comme tous ceux de sa race. Ses cheveux foncés sont laissés tombant sur ses épaules et son regard est soit dur soit un peu absent.
Ses manières sont soignées mais elle est avare des gestes « inutiles » typiquement féminins -à ses yeux-.
Elle est toujours extrêmement propre sur elle et veille constamment à donner d’elle une image policée, polie et calme.

Caractère :
Elle méprise ceux qui sont plus faibles qu’elle, et elle déteste ceux qui sont plus forts. Priam n’aime personne, pas même elle.
Elle va toujours tenter de camoufler ses émotions et ses sentiments, elle pense que rien ne doit jamais filtrer d’elle, parce qu’alors elle pourrait donner aux autres un pouvoir sur elle.
Pour autant elle rechigne à user de ce même pouvoir sur les autres. Elle cultive le secret à son sujet et se montre particulièrement discrète en ce qui concerne sa profession, ses occupations, ses goûts.
Elle veut (elle a besoin de) garder toujours ses distances, même physiquement, quitte à reculer d’un pas, ou repousser l’importun(e).
Aucune douceur n’émane d’elle, car elle ne cherche pas à séduire ni à convaincre.

Histoire :
La vie dans un lieu idyllique l’est rarement. Les conflits et les guerres successives eurent tôt raison de tout optimisme et de toute joie.
Priam s’enrôla dès qu’elle le put au sein des armées de Quel’Thalas, et participa à toutes les campagnes ou presque.
Quand il fallu devenir Elfe de Sang, elle choisit de participer à la purge dans les propres rangs de sa nation. Oubliant la pitié, au mépris de sa propre sauvegarde, Priam se jeta à corps perdu dans la chasse aux déshérités, se rendant coupable, parfois, des mêmes excès que ceux à qui elle donnait la mort.
Elle prit l’habitude de ne plus communiquer avec personne tout à fait, gardant tout pour elle et ne vivant que dans un seul objectif : libérer ceux des siens qui avaient succombé à la soif de magie.
Elle apprit à flirter avec les limites de l’interdit, des lois et des arts arcaniques. Enchaînant les enquêtes et les chasses à l’homme, Priam se mua en machine à tuer les siens. A mesure que ses excès pervertissait son jugement, elle perdit son efficacité. Elle ne pouvait évidement pas s’en rendre compte.
Un collègue se présenta pour elle, envoyé par la hiérarchie.
Ce jour là il tomba, comme toutes les créatures, avant d’atteindre la demeure de Priam.
Quand il se releva, quelques jours plus tard, il s’enquit d’abord de savoir où sa cible potentielle était passée. Il la trouva chez elle encore endormie. Ne pouvant pas détecter dans quelle mesure elle était devenue une déshéritée, il préféra attendre son réveil.
Le temps passa et il oublia Priam comme elle ne se réveillait pas.
Plus de deux années passèrent, le corps de l’endormie fut transporté discrètement hors des terres elfes pour rejoindre d’autres créatures dans le même cas.

————————

Journal

13/12/11
J’ai pris des feuilles de papier et un crayon de bois pour écrire. Me suis rendue compte que je savais, je suis bien contente.
Au départ les mots venaient embrouillés et je ne savais plus trop les écrire mais là c’est revenu on dirait, ça coule tout seul. c’est même amusant je pense que je pourrais noircir encore une ou deux pages rien qu’avec ce que je me dis dans la tête.
Par contre je n’ai pas assez de feuilles donc l’essentiel suffira, au cas où je « perde » à nouveau la mémoire.

Réveillée chez les « Defias », pas très gentils, un rien agressif, humour de merde.
nous donnent vêtements et nous mettent dehors.
nous = moi et deux autres dont un sans poil et un avec, très grand, et des cornes.
A priori je suis une sans poil. Il faut que je trouve de quoi me regarder, ça doit exister j’en suis sûre.

Une sans poil clair nous a accompagnés sur le chemin au sortir de chez les Defias. puis nous fait nous téléporter. pas trop saisi pourquoi nous avons dû marcher du coup.

Vendoré, village de tentes avec deux trois maisons et des artisants.
un chef mort et vivant (!), un maire chef Anathor, un Lemaire (walter) qui n’a pas de nom.
Mordecai nous fait la visite guidée succinctement. Susceptible, besoin d’attention.

il faut de l’argent pour obtenir des choses (?)
Les Sömers se sont endormis et ne se sont pas réveillés en même temps que les autres.
J’aurais dormi deux ans comme en état de stase… mais bien sûr.
Les autres nous détesteraient car nous ne sommes pas normaux
dans le villages il n’y a presque que des Sömers, aucun n’a retrouvé la mémoire selon Anathor.
il y a un marchand qui vend des noms, je trouve ça étrange je ne sais pas pourquoi.

A faire
> aller à la bibliothèque et tout lire.
> poser d’autres questions à Anathor sur les Defias et l’existence de ce village.
> trouver de l’argent au cas où (pour plus de papier ?)

important : Me voir !!

———————————

14/12/11
Il ne s’est rien passé de notable ni dont je voudrais me souvenir plus tard, mise à part ma conversation avec Anathor.

Comment ai-je pu croire une seconde que j’étais comme eux ?
Je ne suis pas humaine. Je ne suis pas comme eux.

Je ne suis pas comme eux !

———————————-

16-12-11
Je me suis quand même endormie, au final. Lemaire n’a pas l’air de s’en faire trop, pourtant il n’est pas tout à fait simple d’esprit.
C’est lui qui a raison, il faut que je prenne sur moi. Que peut-il arriver si je ne me réveille pas avant deux ans ou plus encore ?
Ce sera exactement comme maintenant.

Hier, j’ai eu mal toute la journée. Je ne m’en suis pas rendue compte tout de suite mais ma mâchoire avait tellement enflé qu’en fin de journée j’avais du mal à avaler. J’ai demandé plusieurs fois après un médecin et finalement c’est Lemaire qui a trouvé la réponse pour moi. j’ai eu droit à un onguent malodorant mais très efficace, car ce matin je peux parler normalement de nouveau, et la douleur n’est plus si intense.

J’ai fait du charbon du bois que j’avais collecté, pour m’occuper et m’empêcher de penser trop.
Si je pars d’ici, je vais devoir faire face à des gens qui me comprendront encore moins que ceux qui sont là, parce qu’à moins de le vivre soi-même je ne crois pas qu’on puisse s’imaginer la détresse que j’éprouve à me retrouver ainsi vierge de tout souvenir…
Ca me terrifie.

Passons à autre chose.

Me suis encore faite agressée par le nain. Il venait s’assurer que je ne voulais pas reprendre les pièces que j’avais jetées au visage de Mordecai la veille (je ne me souvenais plus auquel des deux c’était d’ailleurs).
Je ne comprends pas cet intérêt pour l’argent. D’un côté on me dit que tout est gratuit dans le village, de l’autre les Defias nous donnent des pièces avant de nous y conduire. On nous dit à notre arrivée qu’avec de l’argent on peut acheter de l’alcool à la taverne mais ensuite Anathor m’a dit que c’était dangereux d’en boire.
Il faut que je trouve quelqu’un pour m’expliquer le fonctionnement et le sens de l’argent. Les autres ont l’air de trouver ça important. Même Lemaire, qui aurait voulu me forcer à récupérer mes pièces auprès du nain.
Il a dit que j’avais été insultante. Est ce que c’est parce que j’ai laissé mes pièce au nain ? Alors les défias nous ont insultés en nous donnant des pièces à chacun ?

Cinquième fois d’affilée que j’éternue ! J’ai dû prendre froid hier soir dans l’eau.
Avec Lemaire nous avons récupéré de la toile sur l’épave d’un navire échoué à quelques mètres de la rive. Il veut construire un abri pour les futurs sömers qui ne manqueront pas d’arriver.
Il s’est montré plutôt poli et courtois, c’est tellement rare ici que j’ai préféré aller patauger avec lui que de rester à portée d’injure du nain. Ce fut vraiment laborieux, et l’eau était très froide, mais nous y sommes parvenus. Je me suis sentie étrangement bien ensuite, quand nous nous réchauffions près du feu.

Je suis brûlante et mon nez coule, je crois que ça n’est pas normal.

————————-

18/12/11
Je ne suis pas seule !
Enfin, si. Etrangement bien plus aujourd’hui qu’il y a deux jours.

J’ai pu lire ce que je voulais à la bibliothèque. Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris malheureusement. J’ai dû m’arrêter car j’avais trop mal à la tête. J’ai eu chaud et froid presque en même temps.
Magatha a pris soin de moi, encore, elle dit que je suis malade. Je veux bien la croire parce que je ne me sens pas très bien. Par contre son produit est absolument infecte, à chaque fois que j’en ai pris j’avais des nausées terribles.
Elle m’a prêté une couverture. Malgré ses airs bourrus je préfère avoir à faire à elle qu’à beaucoup d’autres.

Nous sommes allées chez Trayanise, une elfe comme moi. Enfin, elle, elle a l’air d’être une elfe tandis que moi je ne ressemble à rien. Elle est couturière et elle m’a donné une chemise plus longue de buste et plus chaude. Je serais bien restée avec elle, j’aurais dormi au pied de son lit et je ne l’aurais pas dérangée… J’ai tenté de le lui demander mais elle a dit que je ne devais pas m’éterniser.

Suis sortie tandis que Monsieur Lemaire haranguait les villageois. Il a retrouvé la caisse. Une caisse volée à la taverne lors de l’incendie, si j’ai bien compris.
Dans les gens rassemblés j’ai vu une autre elfe, j’ai d’abord été impressionnée par son expression et sa démarche. Rien à voir avec la blonde et lisse Trayanise. Elle s’appelle Lynn. Elle m’a dit qu’elle était éveillée depuis sept mois. J’ai hâte de discuter plus avec elle.

Tard dans la soirée, une femme humaine, blonde, est arrivée. Marie. Elle dit qu’elle vient étudier les sömers. Lynne et moi étions justement en train d’en parler mais j’ai détourné la conversation.
Elle s’est présentée et a dit des choses comme si j’avais voulu les dire moi, en mieux, au sujet de la vie et de tout ça. Ca ne m’a pas réconfortée, loin de là. Il vaut mieux que je l’évite, peut être.

———————————-

19/12/11

Elle n’était pas là aujourd’hui, enfin je ne l’ai pas vue. Il est possible qu’Anathor lui ait demandé de quitter le village. Moi, c’est ce que j’aurais fait.

J’ai passé la journée à la bibliothèque, encore, mais cette fois pour trouver des reproductions imagées des plantes. Je crois que je vais faire une sorte d’herbier avec ce que je trouve, ça sera plus simple que de tâcher de tout mémoriser. Encore que je n’ai pas de problème pour ça, ça rentre tout seul, c’est plaisant. Je n’aurai pas assez de papier par contre. Il faut que je trouve une autre solution, peut être.

En fin de journée monsieur Lemaire est reparu, avec du tissus trouvé je ne sais où et des projets pleins la tête.
Nous avons discuté au coin du feu. Lynn s’est jointe à nous et presque immédiatement le sieur Mordecai. J’aurais voulu être ailleurs, alors.

Monsieur Lemaire m’a emmenée fouiller la mine toute proche et nous avons trouvé une table en relativement bon état, que nous avons ramenée au village pour la mettre dans la futur grand tente. Il s’est montré vraiment gentil, il a même essayé de me faire croire que j’étais intelligente.
En tout cas avec lui je n’ai pas peur de dire ce que je pense, même si ça le fait rire.

—————————-

20/12/11

J’ai trouvé un certain nombre de plantes que j’ai cueillies, sans les déraciner pour qu’elles repoussent. J’ai pris les fleurs et les feuilles. Je crois vaguement me souvenir que parfois on peut être amené à utiliser les racines aussi, pour faire des remèdes, mais pour l’instant dans le doute, je préfère éviter de tout saccager pour rien.
je les ai pendues la fleur en bas pour les faire sècher, ça m’a semblé logique à faire… je verrai bien le résultat dans quelques jours.

Je suis passée voir Anathor, il a dit que nous aurions bientôt du papier, je vais pouvoir faire un herbier, et aussi continuer d’écrire ma mémoire. Là il me reste le dos de cette page et c’est tout… je dois faire court.
– Je me suis proposée aussi pour la mine et il m’a donné un sac avec une pioche, et un livre à lire. Je commence demain.
– J’ai croisé Lynne et nous avons discuté un peu. Elle dit que les sömers sont d’abord des sömers avant d’avoir une race ou une croyance, comme Anathor.
– Il m’a conseillée d’aller à la Fierté pour un livre sur les plantes, et peut être aussi pour les minerais. Il faut que je trouve un peu d’argent du coup.

———————————-

21/12/11
J’ai discuté au coin du feu avec Mordecai, enfin je l’ai écouté parlé.
J’ai pu faire la connaissance de Venek, un nouveau venu. Il a l’air bien moins perdu que moi. Comment fait-il ?

J’ai travaillé le reste de la journée. J’ai récupéré des plantes encore, sans trop savoir ce que c’était. Tout mis à sécher dans ma tente… bientôt plus de place.
J’ai aussi lu le livre d’Anathor et je suis allée faire des tests in situ. Je pense que je vais pouvoir gérer ça.

————————————-

24/12/11
Plus de place pour écrire – je dois trouver un tonneau pour Lynne – Velek et Valahad sur la plage et au coin du feu, mine + plantes à montrer à Magatha.

———————————

25/12/11
10 Pages ! le grand luxe. Anathor m’a donnée 10 pages de parchemin, je vais pouvoir commencer mon herbier.
Ai pu voir Magatha, elle m’a montré comment on fait une potion de soin comme celle qu’elle m’avait donnée, elle m’a parlé des plantes et de leurs rôles respectifs. Il parait que je vais pouvoir fabriquer moi même du papier et de l’encre, j’ai hâte de faire ça.
Et puis du savon aussi ?! j’ai pris un bain chez Anathor, je ne m’étais jamais sentie aussi bien de ma vie encore, je vais faire ça régulièrement c’est vraiment trop bien… vivement que soient installer des bains publiques !
Je note que pour se coiffer ensuite il faut démêler les noeuds du bout des cheveux et puis remonter vers la racine, pas l’inverse.

Avec monsieur Lemaire a fini de construire le dortoir, c’est superbe. Il a voulu que nous érigions un mémorial près de l’endroit où l’incendie avait été allumé, en symbole de notre style de vie. Nous avons marché le long de la rivière tout l’après midi à la recherche de pierre de belle taille, et puis c’est tout au sud finalement, avec Lynne, que nous en avons trouvé sur la plage. Pour le retour nous avons pris un téléporteur, j’ai eu peur que les pierres ne voyagent pas avec moi.
monsieur Lemaire m’a convainque, non sans peine, d’aller à la rencontre d’un garde Defias, près d’un pont. Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. Je l’ai fait quand même, pas sûre que j’ai envie de recommencer, même si on me répète qu’ils ne vont pas m’attaquer. Ils sont tous masqués et armés… je maintiens que ça n’est pas pour faire joli !

Conversations avec Lynn et Venek ces deux derniers jours. Je ne sais pas si elle feint ou si elle se fiche vraiment de tout ce qui ne la touche pas directement. Venek veut bien aller avec moi à la Fierté, demain.

————————————–

28/12/2011
Je ne suis toujours pas allée à la Fierté. Venek m’a laissé un mot, expliquant qu’il était parti pour une autre destination avec d’autres gens.
J’ai passé un peu de temps dans la mine, et beaucoup à tourner autour du village pour trouver des plantes.
Je ne me sens pas bien, comme si j’avais un trou à l’intérieur de moi. J’ai beaucoup réfléchi ces derniers jours. je ne sais pas si c’est la peur, ou la solitude.

Est ce que ça peut être les deux à la fois ?
J’ai tellement de mal à m’endormir encore. Je vais peut être reprendre le travail dans la mine, au moins le soir je suis tellement crevée que je tombe sans même m’en rendre compte.
Et si je me contentais de me créer une vie simplement plutôt que de réfléchir aux pourquoi et aux comment ?

——————————

30/12/2011
J’ai osé. je reviens de la Fierté, j’ai passé la nuit et un début de matinée à éplucher un livre sur les plantes. Ca m’a permis d’éclaircir beaucoup des choses que Magatha m’avait dites il y a quelques jours. Je vais voir si je peux mettre tout ça en forme pour que tout le monde puisse bénéficier de ces connaissances.
J’ai encore beaucoup de recherche et lecture à faire, car je veux savoir comment l’on fait du papier, de l’encre et du savon aussi… mais c’est moins important que ce que j’ai appris.

Anathor a eu un accident, Magatha l’aurait soigné. Dès que je peux je passe la voir pour savoir de quoi il retourne.
Il doit craindre pour sa sécurité… il a fermé la mairie aux visites et les villages aux étrangers. S’il a été attaqué encore, qu’allons nous faire ?
J’ai peur tout le temps, maintenant. Sur le chemin du retour de la Fierté j’ai couru à perdre haleine.

Ah, je dois prendre le temps de noter que j’ai rencontré une troll du nom de Elise, très sympathique même si de prime abord elle fait plutôt peur. C’est grâce à elle que j’ai pu entrer dans la Fierté. Nous avons très longuement discuté à l’auberge. Du coup je n’ai pas fermé l’œil depuis deux jours.

Tout ce qu’elle m’a dit…

J’y penserai un autre jour.

——————————-

01/01/2012

J’ai pu donner des plantes à Magatha. J’ai gardé des pacifiques pour moi, je vais tâcher de faire des potions comme elle m’a montré.
Elle a dit qu’Anathor devait se reposer, qu’il s’était pris un coup sur la tête mais qu’il s’en remettrait. J’avais des questions à lui poser mais je m’y suis mal prise. Elle m’a fichu à la porte.

Comme je posais mes pacifiques dans une caisse à la mairie, il était là. J’ai trouvé qu’il avait l’air fatigué. Nous avons tout de même discuté longuement. Il dit que je dois suivre ce que mon coeur me dicte. Mais s’il me dicte des choses contradictoires ?

Penser à tout ça me fait plus peur encore que d’aller discuter avec un défias.

Anathor s’est fait assommé par un gnome qui était venu lui voler sa chevalière, quelques papiers et la page magique. ll a chargé Ragnarhum de faire une enquête. Le gnome s’est excusé en lui portant un coup à la tête.
Cette chevalière… il avait la main dessus à son réveil à Hurlevent.

Non je ne dois pas penser à tout ça.
Pas encore.

——————————–

03/01/2012
Hier, J’ai reçu un mot d’Anathor, il voulait me parler. Comme je lui avais conseillé de trouver un autre endroit pour vivre que la mairie, puisqu’il s’y était fait attaqué deux fois, il a pensé qu’il pourrait faire construire une maison, pour lui, espérant que cela donne des idées aux villageois.

Je dois avouer que j’avais cette envie également, sans en avoir conscience je crois, de vivre autrement que sous une tente de toile. A l’entrée de la mine j’ai pris soin de garder les pierres de belles tailles qui pourront constituer les bases… On verra si quelqu’un les utilise avant moi, Anathor ou un autre. Je ne lui ai rien dit du coup. Il aura besoin d’une maison plus que moi.

Il a ensuite abordé à nouveau le sujet de la « quête Sömer » comme il l’appelle. Je l’ai trouvé très insistant. Je ne comprends pas.
Il a également aborder de nouveau l’histoire de cette mine d’or et de ce que cela voulait dire pour Vendoré, ou pour moi et pour mes recherches…
Je l’ai trouvée l’après midi même. De toutes façons il n’y avait qu’un endroit où je n’étais pas encore allée. Depuis 3 semaines que j’existe, j’ai arpenté les Marches dans tous les sens. Il n’y a bien que les villages et les habitations que je n’ai pas approchés.

J’ai failli mourir. Je le réalise pleinement, je sais ce que cela veut dire et je ne sais pas tout à fait quoi en penser, en fait. Je vois ma mort si souvent dans mes rêves déjà, quand je parviens à dormir.

Du coup aujourd’hui je n’ai rien fait. A part du thé pour la douleur et les blessures que j’ai aux mains, coudes et genoux.
Croisés Lynn qui se préparait un bain, et Mordecai, fidèle à lui-même.

Hier, j’ai eu peur, bien plus que d’habitude, et je me suis tenue à la pierre de toutes mes forces.
J’aurais dû la lâcher, sans doute.

——————————

05/01/2012
J’ai marché toute la journée, en évitant toutes les créatures vivantes : animaux et habitants
Me suis trouvé un petit coin pour la nuit, je serai bien
Le problème va être de trouver à manger demain

—————————

07/01/2012

De retour à Vendoré.
Je ne sais pas si je dois en avoir honte. Je trouve mon idée de base assez pitoyable : on ne peut pas fuir la solitude en s’isolant davantage. J’ai dû manquer cruellement de sommeil pour avoir pensé une telle ineptie.
J’avais trouvé sur la route de nombreux pieds de Pacifiques. J’en ai déposé une botte devant la porte de Magatha. J’en ai gardé pour moi, puis ai mis le reste à sécher dans la cave de la mairie.

J’ai finalement pris des décisions me concernant, comme si marcher m’avait aidée pour avancer dans ma réflexion. Forte de mes nouvelles résolutions, je me suis adressée à ceux que j’avais pris soin d’éviter jusque là, et me suis excusée pour mon comportement… Même auprès de Mordecai. L’entretien avec lui a tourné très étrangement. Il m’a laissé lui enlever son chapeau et s’est montré pour le moins patient et ensuite il a fait mine de me tuer. Je ne sais pas si je lui pardonnerai un jour ce geste.
Ce geste là, justement. Je préfère ne pas y penser.
J’ai passé commande au forgeron Kelgruk d’objets en acier que j’ai dessinés et que je veux utiliser pour aller chercher le filon d’or. Il ne manque encore des choses mais l’idée prend forme. Je ne sais pas encore qui j’emmènerai avec moi par contre, ni si cela sera vraiment nécessaire.

J’ai fait part de mes progrès à Anathor succinctement dans la soirée. Je sais à présent qu’il a raison à mon sujet, que le mystère qui entoure nos existences est la seule quête que je voudrai jamais suivre, et que le reste m’importe assez peu au final. Je craignais trop que mes recherches me portent hors des Marches, dans des contrées que je ne connais plus, mais mon périple de deux jours m’a permis de réaliser combien cette peur était sans objet.
Grâce à lui, encore, je me sens pousser des racines. Contrairement au discours que j’ai tenu à cet autre sömer mort et vivant, Alvin, je commence à exister grâce à lui. Je n’aurais jamais assez de mots pour lui exprimer mon affection et ma gratitude.
Il m’a demandé de trouver à occuper un nouvel arrivé qui cherchait à se rendre utile. Je vais lui montrer comment l’on récupère du minerai dans la mine -si j’arrive à le trouver, cet « humain au cheveux bruns ».

—————————–

08/01/2012

J’ai croisé monsieur Lemaire. J’étais ravie de le revoir, j’aime bien travailler avec lui sur des projets pour le village. Il était occupé à vérifier du terrain pour la construction d’une maison. Comme il ne m’a pas posé de question je ne lui ai rien dit. Je lui ai montré le tas de pierres lourdes que j’avais fait à l’entrée de la mine, justement dans cette éventualité, les gravas, pour le remblai et aussi les pierres grossières, pour les murets. Il a eu l’air satisfait.

J’aurais voulu l’aider pour le projet des bains publics mais il ne m’en a pas laissé le temps. Je lui ai donne les 10 pièces que j’avais reçues plus tôt.

Mordecai justement, me les avait données sans véritable raison à mes yeux. Selon lui c’était en paiement de quelques feuilles de pacifique pour calmer les douleurs qu’il aura bientôt dans les bras. Il a trouvé le filon d’or et il veut aller le chercher. Il apprend à travailler la pierre avec un nain si j’ai bien suivi, à Hurlevent ou bien dans son abbaye. Je n’ai pas été assez attentive. Il a dit qu’il s’achèterait des armes avec cet or. Du coup je ne lui ai pas proposé mes services. Il n’a pas dit comment il comptait approcher le minerai. Je vais surveiller qui s’en approche parce que je ne voudrais pas qu’il y ait encore des morts.

Anathor a fait venir des Défias pour assurer les fonctions du guet. Je ne suis pas sûre que ça soit une bonne chose pour nous réellement.

Ai croisé Cyanure également en fin de journée, nous avons discuté de son projet de gazette. J’ai proposé qu’elle cherche plutôt une solution pour alléger la charge de travail du maire. J’ai lu qu’il y aurait bientôt une réunion du village et j’ai proposé qu’on en discute à ce moment là plutôt. Ceux qui vivent vraiment là pourraient tout à fait choisir de s’organiser eux même, en une sorte de conseil, pour les décisions de moindre importance, plus liées au quotidien. Je ne sais pas dans quelle mesure Anathor ou Lemaire voudront garder leurs prérogatives. A priori pour l’intendant ça sera moins évident à mettre en place.

——————————

09/01/2012

J’ai passé un peu de temps dans la mine, mais bien moins que d’habitude. J’ai surveillé les abords du gouffre, et de « l’ancienne » mine. Rien vu de spécial. Du coup je suis bien tentée d’aller jeter un oeil dans cette grotte.

Venek est de retour, nous avons très longuement discuté au coin du feu tous les deux, en fin de journée. Il n’était pas tout à fait de retour en réalité, mais j’ai fini par le convaincre de rester. Il va peut être devenir couturier et apprendre auprès de Trayanise. S’il fait ça je lui passerai commande de vêtements pour le motiver.
J’espère qu’il restera.

Je suis passée voir Anathor comme chaque jour. Ca devient un peu un rituel. Je n’ose pas passer trop tôt parce qu’il est très occupé, et le temps ensuite passe bien trop vite. Bientôt les choses seront différentes…
Si je parviens seulement à chasser mes cauchemars.

Mes inquiétudes aux sujets du guet n’étaient pas fondées, ni celles à propos des Défias.

———————–

Ses cheveux volaient au vent contre son visage. Ses yeux se plissèrent pour s’en protéger tandis qu’elle fixait avec insistance l’homme qui lui faisait face. Tout ceci avait un goût amer de déjà vu, pour l’un comme pour l’autre. Aucun d’eux n’éprouvait de remord, pourtant leurs yeux trahissaient une égale tristesse, profonde et douloureuse.
Le temps sembla suspendu à cet échange muet.

C’était au pied d’un rempart. La foule alertée plus tôt dans la matinée s’amassait maintenant devant l’estrade dressée pour l’occasion. Elle écoutait l’annonce silencieusement, chacun tendait l’oreille car la voix du héraut était sans cesse rebattue par les bourrasques qui s’étaient levées. Le vent faisait claquer les étendards et assourdissait tout. Derrière, à quelques pas seulement, des hommes en armes presque immobiles faisaient des cliquetis irréguliers et lointains.

Enfin le héraut se tut. Il y eut comme une inspiration dans la foule pour retenir son souffle.
L’homme fit un pas en avant comme on l’y invitait. Il ne lâcha pas son regard et lui faisait face, impassible en apparence. Elle restait droite devant lui, respirant à peine. Le vent animait ses cheveux comme des flammes autour de son visage et le cachait par intermittence.

A nouveau quelqu’un parla depuis la tribune des dignitaires. Ils n’écoutèrent pas, sembla-t-il. Elle fit un pas dans sa direction au moment où lui-même avançait le pied pour se déplacer de nouveau. Il sortit de sa ceinture une dague et passa un bras autour d’elle pour couper les liens qui retenaient ses poignets dans son dos. Puis ils restèrent encore ainsi figés presque l’un contre l’autre, se regardant. Elle avait gardé les bras ballants, il sembla un instant qu’elle se redressait davantage.Il leva sa main et repoussa les cheveux fous qui l’atteignaient également. Au contact de sa joue, il se rendit compte qu’il n’était pas ganté.

Il y eut un mouvement dans la foule. Que faisait il ainsi penché sur elle, se parlaient ils ?
Une voix offusquée exigea qu’on poursuive. Un ordre aboyé depuis la tribune raisonna aussitôt qui les fit se tourner tous les deux en même temps. Ils regardèrent ensemble dans cette direction, dos à la foule, puis l’homme s’inclina et fit un pas de recul.

Puis un autre.

Il lui tourna lentement le dos. Elle ne bougea pas.
Il sortit son épée de son fourreau. Le tranchant vibra dans l’air un instant. Un murmure s’échappa de la foule et se tut comme ils restaient tous les deux immobiles.
Vif comme l’éclair, il se retourna d’un coup, l’épaule haute, la main tenant fermement sa lame dans le prolongement de son bras.
Cette fois-ci, il finit son mouvement circulaire, bien avant que la tête de la femme ne commence à tomber. Le sang ne gicla même pas.

Propre, et net.

—————————
15-01-12
Je me suis présentée au Pas. Il le fallait pour les renseignements que je cherchais. Je n’ai pas eu peur.
Ces gens vivent dans des conditions que je trouve bien moins agréables que les nôtres encore. Ils sont bizarres mais on été plutôt gentils avec moi, je crois.
Il faut que je vois Magatha pour qu’elle me dise comment on soigne une verrue, si ça se soigne. Je veux tenir la promesse que je leur ai faite, et bien plus.

Suis passée au guet de la tour Defias, qui mène aux terres d’Hurlevent. C’étaient d’autres gardes que la dernière fois, très compréhensifs également. Ils m’ont bien aidée. J’en viens à me demander pourquoi j’ai eu si peur de tous ces gens. Les gardes devant La Fierté n’ont pas trop su me renseigner mais finalement j’ai rencontré le forgeron Arras qui a pu répondre à me questions.

J’ai demandé à plusieurs personnes en quel endroit elles voudraient aller pour se sentir bien et avoir le cœur léger. Je ne m’attendais pas aux réponses que j’ai eue. Lynn a dit qu’elle voudrait être dans les bras de quelqu’un, parce qu’elle avait lu quelque par que ça faisait du bien au moral. J’ai repensé à Mordecai qui avait fait ce geste aussi. Venek pense qu’il voulait me réconforter. On a testé ensuite tous les deux mais je n’ai pas trouvé ça très concluant.

Lynn a passé la nuit à me regarder dormir, à cause de mes cauchemars.

———————————-

15/01/2012

Elle était partie quand je me suis réveillée. Le soir je l’ai croisée et elle m’a raconté ce qu’elle avait vu. Comme ça au moins, je suis fixée : je bouge et je parle, mais pas de quoi réveiller mes voisins de tente.
J’étais convaincue de l’inverse, et prête à démonter ma tente pour l’installer en dehors du village.
J’allais, la mort dans l’âme, vraiment, annoncer que je devais refuser son offre à Anathor… Bref quand nous avons pu démêler le quiproquo et que je me suis trouvée à lui expliquer mon comportement j’ai eu l’air bien bête, comme d’habitude.

J’ai trouvé un mot de monsieur Lemaire dans ma tente. Il est parti je ne sais pas trop quoi faire. Anathor et lui se sont fâchés je crains. Pourant quand je lui ai proposé de devenir intendant il a dit qu’il voulait d’abord savoir ce que Lemaire allait faire. Moi je ne crois pas une seconde qu’il serait parti sans une très bonne raison.

Ragnarhum n’est pas reparu, j’ai appris qu’il n’avait rien voulu dire à Anathor au sujet de son enquête. Elise a parlé avec plein de sous-entendus et avait l’air d’être très informé. A mes yeux le nain nous a trahi. Et j’ai du mal à comprendre qu’Elise n’ait pas cherché à nous rendre les biens qui nous ont été volés.
Je trouve la troll étrange d’ailleurs. Nous avons discuté, avec Venek et Lynn. Elle a beaucoup parlé des ennemis des Sömers et des Défias, que peut être le village disparaîtrait un jour et qu’il fallait se préparer en ce sens. Je ne veux même pas y penser.
Est ce que les Défias pourraient retirer leur soutient aux Sömers sous la pression du roi de Hurlevent, ou d’autres digireants ?

Kelgruk m’a donné les pistons et les anneaux, il faut que j’aille faire des tests dans la mine. Si Mordecai n’y rode pas.

A La Fierté j’ai entendu parlé d’un type qui cherche un mineur. Il est bien possible que ça soit pour cette histoire de filon d’or. Du coup je vais tâcher de le trouver pour lui poser des questions.

J’ai pu croiser Cornbrul, il a accepté de m’enseigner l’art d’esquiver les coups. Le premier rendez-vous est pour demain matin.

———————————-

17/01/2012

Premier entraînement avec Cornbrul. J’ai failli arrivé en retard, ça commence bien.

Dans l’après midi j’ai croisé Lynn et Venek. Lynn est partie pour Hurlevent, elle cherchait monsieur Lemaire pour l’accompagner… Une histoire de type qui dit qu’il peut redonner la mémoire aux Sömers.

Je suis passée au guet pour voir Mirtille, la garde Defias qui était de journée. Elle m’a donné le nom d’un gnome qui est entré dans les Marches à la date qui m’intéresse. Il est reparti depuis évidement. J’aurais peut-être du lui demander les noms des autres allés et venus le même jour mais je n’y ai pas pensé sur le coup.

Suis retournée à La Fierté et j’ai attendu à la taverne pour voir si je ne croisais pas monsieur Lemaire. Je m’étais résolue à poser la question à la propriétaire quand il est arrivé. En fait je n’y croyais plus trop, quel soulagement !
Nous avons longuement converser. Je ne suis pas tellement rassurée pour lui mais au moins je sais que je le reverrais régulièrement. Je me suis même inventé un nom pour ne pas éveiller les soupçons sur lui quand il sera filtré (ce n’est pas le bon mot mais je ne le retrouve pas) : Maësyn. J’aime bien la musique du nom. Il faudrait que je vérifie qu’il existe… ou alors que j’invente une histoire à ce nom aussi. J’aime encore mieux cette idée, tiens.
Nous avons fait une découverte très plaisante au sujet des bras. Lynn avait bien raison. Il faut que j’en parle avec Venek.

—————————————–
18/01/2012
Il s’est fait engagé (Venek), par Elise comme serviteur lors d’une soirée à Hurlevent. Il est venu me voir pour me proposer de participer avec lui… il avait l’air tout exité d’y aller, malgré le danger. J’ai repondu que je verrais Elise pour lui poser des questions.

J’ai pu voir Magatha, elle m’a donné un remède contre les verrues. Je lui ai laissé mes potions, j’espère qu’elle me dira rapidement comment elle les aura trouvées.

Mes entrainements le matin avec Cornbrul se passe bien. Il se montre patient et nous progressons par étape, je trouve que c’est un bon professeur.

J’ai pris mes quartiers dans la mairie, comme autrefois Anathor avec l’ancien maire. Je me doute que même sans être intendante je vivrais là. Je trouve cette idée réconfortante.

Lynn est passée à la mairie assez tard, Anathor et elle se sont accrochés. Malgré toutes mes mises en garde, et celle d’Anathor, elle veut se rendre chez ce type qui raconte à qui veut l’entendre qu’il peut rendre la mémoire aux sömers. Moi je n’y crois pas une seconde. Elle a emprunté de l’argent, pour payer des mercenaires qui veilleront sur elle. Anatho m’a laissé décidé si Vendoré accèderait à sa requête ou non… Avais je le choix vraiment ? je ne crois pas. En y repensant je sais bien que s’il arrivait quoique ce soit à mon amie je le regretterais tellement. Comment pourrait on prendre le risque de perdre l’un des notres contre de l’argent ?
J’aurais tellement voulu la convaincre de ne pas y aller.

Anathor m’a fait promettre de ne jamais m’approcher de ce type.

——————————————–
19/01/2012
Un groupe de nouveau sömers est arrivé, je me suis discrètement assurée qu’ils avaient tous trouvé un endroit où dormir. l’un d’eux parle une langue que nous n’utilisons pas ici, mais il semble qu’un des nouveaux arrivants soit justement en mesure de l’aider. Un des autres s’est fait embauché par Anthéah pour tenir la taverne. Cela mettra assuément un peu plus de vie dans notre village. Certains sont des elfes comme moi et Lynn. J’aimerais bien trouver un peu de temps pour les questionner sur leur sensation à leur réveil.

Je suis allée à La Fierté mais monsieur Lemaire est déjà parti pour Hurlevent. J’urais voulu lui parler de l’initiative Defias avant qu’il ne s’en aille, peut être qu’il aurait préféré aller avec eux et ne pas se retrouver seul et sans protection.
D’ailleurs j’ai pu voir Elise. Mais je n’ai pas pu lui poser de questions. Elle s’est écoutée parlé et puis ensuite elle a voulu que j’accepte l’offre, sans donner plus de détail, mentant au sujet de la dangerosité de son affaire. Je ne comprends pas comment Venek a pu se laisser embobiné. J’espère que ça n’est pas seulement l’appât du gain.

J’ai aussi apris par Kelgruk que Arras s’était montré assez généreux avec moi et qu’il m’avait très bien payé les barres de cuivres. Il faudra que je passe l’en remercier.

Je me sens pousser des ailes depuis un moment. Je crois que c’est grâce à Lynn en fait, puis Anathor bien sûr. c’est elle qui m’a montré en premier le truc des bras. Je me sens plus reposée et surtout je crois bien que mes cauchemars ont cessé. Je ne me rappelle pas m’être réveillée en sursaut ces dernières nuits.

———————————————-
Priam a veillé Lemaire plusieurs heures et puis quand le village fut enfin complètement silencieux elle alla trouver Magatha et lui expliqua qu’elle devait veiller Lemaire qu’elle avait soigné mais qui était encore inconscient.
Quand Magatha eu finit de râler et alla chercher Lemaire pour l’installer chez lui, Priam entra sans bruit dans la mairie, puis en ressorti un long moment plus tard, et quitta le village bien avant le lever du jour.
Il ne fut pas bien difficile de traverser la rivière et de suivre la rive. Avant que le soleil ne se lève vraiment, Priam avait retrouvé la route qui menait à Hurlevent. Elle enfila le chapeau très moche que les défias lui avaient donné à son éveil, par dessus des oreilles, ramassant ses cheveux.
Puis elle suivi la route d’un bon pas.
Elle connaissait mal la région aussi dût elle se cantonner à suivre la route mais à cette heure il n’y avait pas grand monde à croiser.

L’elfe du attendre que le jour se lève, et pénétra l’air de rien dans le village. Sans même jeter un regard autour d’elle, pour faire comme si elle connaissait déjà bien l’endroit, elle avança et tomba rapidement sur l’auberge. Le propriétaire des lieux lui loua une chambre pour 3 nuits à un prix très honnête. Priam lui donna son nouveau nom et le prévint qu’elle attendait quelqu’un. Elle lui expliqua également qu’elle ne voulait pas qu’une autre personne que celle là puisse la retrouver.
L’aubergiste fut très arrangeant et ne posa pas plus de question, il promit que personne ne la dérangerait.

Elle avait peur de n’avoir pas assez d’argent aussi Priam lui demanda s’il pouvait la conseiller pour du travail honnête durant ces trois jours, elle fut envoyée aider le forgeron d’en face avec ses comptes et ses stocks, ce qui était, il lui sembla, tout à fait dans ses compétences.
Elle fut rassurée quand le forgeron en question accepta tout sans condition, moyennant un salaire tout à faire correct et qui couvrirait largement les frais de séjour de Priam. Lui aussi promit de ne rien dire au sujet de l’elfe.

Priam n’avait que la rue à traverser pour aller de l’auberge à l’échoppe, elle portait toujours son chapeau sur ses oreilles alors, et se gardait bien de lever la tête pour cacher ses yeux. Tiendrait-elle jusqu’à l’arrivée de son rendez vous ?

Tard en fin de journée l’aubergiste lui apprit qu’une elfe cherchait sa sœur et qu’elle reviendrait le lendemain…

Priam fut réconfortée de pouvoir se rendre utile. A la forge elle était discrètement installée à l’abri des regards et triait les papiers du forgeron et puis à l’auberge le soir, elle mangeait dans sa chambre pour ne pas attirer l’attention. Maître Farley, l’aubergiste, et les gens de son établissement étaient également des personnes sympathiques, qui ne posaient pas de question et qui avaient parfois des attentions simples et gentilles.
Cela lui donna du baume au cœur car elle en avait grand besoin. La nuit, seule, elle devait faire face à ses cauchemars revenus la hanter, et quand elle ne s’occupait pas l’esprit elle pensait à ceux qu’elle aimait et qu’elle avait laissés derrière elle.

Au soir du second jour, Morcedai entra dans sa chambre sans y être invité – Priam apprit un peu plus tard que le forgeron n’avait pas su cacher la vérité à son fidèle client -. Il questionna Priam sur les raisons de son départ. Il essaya probablement de lui expliquer ce que lui même avait traversé et qui l’avait fait quitter le village, mais toute à sa colère et à son amertume, Priam n’entendit rien.

Bien plus tard dans la nuit, Lynn fit un esclandre dans l’auberge, criant à qui voulait l’entendre qu’elle était à la recherche de sa jeune sœur fugueuse, ou bien encore que l’aubergiste la tenait prisonnière et l’avait kidnappée. Un garde vint comme les clients se plaignaient. Priam quant à elle restait collée à la porte de sa chambre, le cœur battant follement…
Finalement le garde entra et fouilla la chambre à la recherche de la « sœur », puis comme la « cliente » était bien seule, il sortit et emmena Lynn. L’auberge put retrouver son calme, et Priam, ses cauchemars, sa rancœur et ses remords.

Au soir du troisième jour, Lemaire se présenta au rendez-vous.

Lemaire… son visage était encore tuméfié quand il entra dans l’auberge. Priam fut si contente de le retrouver qu’elle lui sauta au cou.
Ils avaient discutés longuement tous les deux, Priam sentait confusément que Lemaire n’était pas près à tout quitter pour la suivre. Et comme elle y réfléchissait elle-même, elle se rendait doucement compte que son action était vaine, mais qu’en plus elle faisait à ceux qui avaient eu confiance en elle exactement ce qu’elle reprochait à bon nombre de sömers.

Quand Lemaire eut quitté l’auberge, Priam était cramoisie de honte. Elle ne put trouver le sommeil avant l’aube, cherchant un moyen de réparer son erreur sans pour autant être capable d’envisager de rentrer tout simplement.

Il était convenu avec Walter que tous les deux se retrouve ailleurs, elle avait parlé de Hurlevent, et lui d’un village plus à l’Est dans la forêt. Après le repas, elle passa voir le forgeron pour qu’il lui paie ses gages, elle paya l’aubergiste, et quitta donc la Comté-de-l’Or en direction de l’Est.

Elle suivit le chemin en marchant d’un bon pas, à la suite d’un commerçant itinérant et de ses acolytes. Ils la menèrent directement au Campement des Bûcherons du Val de l’Est.

Elle fit le tour des maisons dispersées et ne trouva pas d’auberge. Après quelques hésitations elle se décida à demander à des gardes, puis aux paysans, si quelqu’un acceptait de la loger pour une nuit au moins. Finalement un certain monsieur Jacobus accepta de l’accueillir dans sa maison, en échange de quelques tâches ménagères.
Priam fut ravie de faire la connaissance du vieil homme. C’était un ancien soldat qui vivait seul dans une très grande maison. Il possédait une bibliothèque très fournie, principalement en contes dont il s’avoua particulièrement friand.
Elle s’occupa dans la maison et alla chercher des plantes aromatiques dans la forêt comme monsieur Jacobus avait demandé. Le soir venu elle se rendit sur la route et attendit.

Walter arriva, une besace sur l’épaule, plutôt soulagé de ne pas avoir à se rendre à Hurlevent pour y chercher Priam.

Priam avait trouvé une carte chez monsieur Jacobus, qu’il avait accepté de lui prêter. En la regardant tous les deux, assis dans l’herbe, ils se rendirent compte que de toutes façons comme ils ne connaissent rien de tous ces lieux, il faudrait peut être réfléchir autrement à leur projet.

Priam rangea la carte quand il se mit à pleuvoir, puis ils restèrent un long moment debout au milieu du chemin, sous la pluie, à regarder l’eau tomber sur leur visage.

Ensuite Priam questionna Lemaire, sur l’endroit qu’il voudrait habiter et sur ce qu’il rêverait de faire de sa vie. Elle ne fut pas tellement surprise par les réponses de son ami. Tandis qu’elle lui disait à son tour ce qui la motivait, elle se remémora une conversation presque identique qu’elle avait eue avec Anathor.

Vivre près de l’eau, avoir la possibilité d’apprendre toujours, être entourée de gens qu’elle aimerait et qui l’aimeraient en retour, simplement, honnêtement. Voilà ce qui lui était nécessaire. Ensuite si elle avait la possibilité de comprendre le mystère Sömer, elle aurait trouvé un sens à son existence…

En combinant leurs aspirations ils parvinrent à se mettre d’accord sur un projet. Lemaire était assez impatient, mais Priam exigea qu’il reste toujours honnête : l’argent nécessaire, ils le gagneraient en travaillant. Lemaire accepta cette condition du bout des lèvres. Il leur restait donc à assimiler les connaissances nécessaires. Et cela prendrait aussi un certain temps.

Cela impliquait de retourner dans les Marches de L’Ouest. Lemaire voulait s’installer au port, mais Priam devait bien reconnaître que tout serait bien plus simple depuis Vendoré…

La nuit était déjà bien avancée, Priam montra les écuries à Lemaire pour qu’il puisse dormir à l’abri de l’humidité. Elle rejoignit ensuite la maison de monsieur Jacobus. Il était convenu de se retrouver en début d’après midi. Priam s’était engagée à rendre service à son hôte.

 

17/02/2012

La route ne leurs sembla pas bien longue jusqu’au village Sömer, mais ils n’y parvinrent qu’en soirée. Priam hésita un bon moment avant d’oser frapper à la porte de la mairie, alors que son compagnon l’encourageait de la voie et du geste, sourire aux lèvres.

Anathor devait être à l’étage pour travailler comme il ne les entendait pas toquer à la porte. Lemaire accompagna Priam dans la demeure et se fit discret ensuite, comme l’elfe balbutiait des excuses maladroites, le rouge au front.

Anathor écouta à peine, sembla-t-il, puis il s’avança vers elle, lui fit une bise sur la joue pour la saluer et lui tendit un document lui disant de s’en occuper. Lemaire rit joyeusement en quittant les lieux, ce qui fit brièvement penser à Priam que peut-être son ami savait sur les autres des choses qu’elle-même ignorait.

Seule avec Anathor, la jeune femme était décontenancée et ne trouva rien à redire. Elle n’osa pas argumenter trop. Elle essaya tout de même d’expliquer les raisons de son emportement, sans l’excuser toutefois. Ils en vinrent tous les deux à parler des évènements qui avaient conduit à l’attaque de Lemaire par Petrov : les accusations de l’humain à l’encontre de Lynn.

Anathor se saisit immédiatement de ce sujet et sorti en trombe de la mairie, suivi de Priam. Ils trouvèrent Lynn avec Lemaire, près des prisons. Lemaire avait démonté la grande tente pour la plier et l’emporter au port sans doute. Tandis que Priam tentait d’expliquer à son ami qu’il fallait remonter la tente et que s’il en avait besoin d’une pour leur « projet », Anathor grondait après Lynn.

Il lui dit qu’un conseiller devait être un exemple pour les autres et que cette affaire avec Pétrov, qu’elle fut vraie ou non, n’était pas acceptable. Il la démit de ses fonctions de conseiller et la menaça de la répudier si elle commettait encore le moindre faux pas.

 

Malgré le trouble lié à la réaction d’Anathor au sujet de son retour, Priam resta auprès de lui et repris son rôle d’intendante. Elle passa s’excuser auprès de certains sömers dont Magatha et Kelgruk à qui elle tenait particulièrement.

Elle fut accaparée deux journées entières par toutes les tâches qu’elle avait laissées en plan et ne put retrouver Lemaire aussi vite qu’elle aurait aimé. Ce vendredi là, Walter s’était très longuement isolé avec Lynn. La conversation avec Priam prit un tour étrange car ils discutèrent du projet que Walter avait en tête de trouver un autre maire qu’Anathor.

Priam était assez inquiète et mit son ami en garde contre les méthodes, peu honnêtes à ses yeux, dont il semblait vouloir user. Elle lui proposa à la place de trouver quelqu’un en qui Anathor aurait eu assez confiance pour lui déléguer certaines de ses responsabilités, voir toutes, avec le temps. La conversation dériva ensuite sur leurs projets communs et leur rêve de paix et de fraternité pour Vendoré. Ils passèrent la nuit dans les bras l’un de l’autre.

Le lendemain, Priam pu croiser Mordecai de nouveau, il lui apprit qu’il était finalement allé seul récupérer l’or du filon, avec le matériel qu’elle avait fait faire et selon les plans dont ils avaient plus ou moins discutés tous les deux. L’elfe fût plus s’inquiéter de l’intégrité physique du guerrier que de l’or qu’il avait pu récupérer.
Mordecai dû insister pour qu’elle accepte la moitié de la somme récoltée. Elle songea un instant que cette somme pourrait les aider elle et Lemaire dans leur projet, aussi le garda-t-elle finalement.

Le lendemain matin elle avait changé d’avis et voulu soit rendre l’argent à Mordecai soit le donner à Vendoré. Elle ne trouva pas le guerrier tout de suite et reporta la question à plus tard.
Elle fut ravie de pouvoir participer enfin à une réunion du conseil. Un nouveau sömer, Dirsidin, se proposait pour entrer dans le Guet et protéger les villageois. Nelyan semblait s’intéresser enfin aux affaires de la mairie… Ils se retrouvèrent tous les quatre, avec Anathor, pour discuter d’un projet de règlements qui permettrait au nouveau Guet de faire son office.
Il fut décidé d’interdire les armes dans le village, Priam les récupèrerait pour les ranger dans la cave de la mairie dès que Nelyan aurait pu afficher cette décision sur la place du village.

Les évènements ensuite se précipitèrent, Nelyan démissionna et quitta Vendoré sans que Priam n’en comprenne la raison. Lynn, a qui elle avait pourtant redis son affection, se comportait continuellement de façon blessante. Elle n’avait même pas pu revoir Walter. Et la conversation qu’elle avait eue avec Anathor au sujet de son expérience avec Lemaire justement l’avait plutôt déstabilisée.

Le soir suivant quand elle revint de sa cueillette quotidienne, elle trouva le village en émoi, Lemaire et Lynn avait été mis en cellule, Dirsidin était remonté contre Mordecai, qu’il aurait voulu enfermer aussi.
Priam ne pouvait pas croire ce qu’elle entendait. Anathor s’était enfermé dans la mairie pour prendre le temps de la réflexion. Elle se sentait elle-même trahie, et meurtrie par les intentions avouées de Lynn, et ne comprenait pas comment Walter avait pu se faire embarquer par elle ainsi.
Elle respecta le souhait d’Anathor de rester seul, bien qu’il lui en couta énormément. Elle tenta de calmer Walter, ignorant les piques acides et les insultes de Lynn. Puis elle s’entretint avec Mordecai, et puis Dirsidin pour tenter de calmer le jeu.

 

Anathor sortit de sa chambre dans le milieu de la nuit, il avait les traits tendus. Nombre sömers s’étaient assoupis. Restaient Priam et Mordecai, qui s’entretinrent avec lui longuement.
Ensuite tous les trois se rendirent auprès des prisonniers. On laissa Lemaire qui dormait, avec des instructions pour qu’il soit libéré le lendemain à son réveil.
Anathor proposa à Lynn soit d’accepter la justice des Défias, soit de quitter le territoire des Marches à tout jamais. Lynn s’empressa de répondre qu’elle préférait partir pour ne plus jamais revenir et on la laissa faire.

Priam était effondrée et ne chercha pas à se défendre de ses dernières invectives. Elle pleura abondamment son amie perdue. Elle passa toute la journée du lendemain l’âme douloureuse et l’esprit comme empêché d’avancer. Le soir seulement elle comprit que Dirsidin avait fait changer la décision d’Anathor. Une plainte officielle avait donc été déposée à la Fierté, pour complot et trahison, contre Walter et contre Lynn, et aussi une autre, contre Mordecai, relative à la façon qu’il avait eu de vouloir arrêter les suspects.

Lynn était revenue dans la journée, mais Priam n’avait pas osé s’approcher d’elle. Lynn se posait encore une fois en victime, et ne regrettait rien, diffusant sa rancœur et son amertume à qui voulait l’écouter, répandant fausses vérités et vrais mensonges autour d’elle. Tout cela était il uniquement lié au fait que Priam avait refusé de voir Lynn à l’auberge quand elle était partie ?

Elle espérait follement que Walter n’était pour rien dans l’affaire, elle chercha à le disculper et le défendit. Mordecai et Anathor ne lâchèrent rien, reconnaissant cependant que Lemaire n’était pas forcément aussi impliqué que Lynn. Avec l’énergie du désespoir, Priam interrogea Lemaire quand enfin elle put le croiser, sur la route qui menait à la Fierté. Elle mit en doute la parole de son ami si cher à la fois pour la tester, mais aussi parce qu’elle aurait voulu qu’il se rende compte de la gravité de la situation. Elle le poussa dans ses retranchements, usant d’une logique froide et calculatrice qu’elle ne se savait pas en mesure d’appliquer avant.
Lemaire prit la fuite quand il fut à court d’argument, il reconnaissait plusieurs faits mais ne parvenait pas à reconnaitre qu’il s’agissait bien d’un complot ou en tout cas d’une manipulation.
La mauvaise foi des un et des autres s’accumulait et rendait impossible l’émergence de la vérité.

Encore un effort. Priam essuya ses larmes et se rendit finalement à la Fierté comme elle avait prévu. Elle parla à maitre Arras et s’informa sur les prix des fusils, les modèles et les possibilités d’en commander un spécifique éventuellement. Puis elle donna une pièce d’or au forgeron, comme elle avait prévu.

Les jambes flageolantes, elle se rendit jusqu’à la maison de Pétrov. Il était là et lui parla durement comme il devait craindre une autre intrusion. Elle s’excusa, au nom du village, qu’un sömer se soit aventuré si près de chez lui et ait tenté de pénétrer sa maison, et qu’un autre lui ai dérobé son fusil. Pétrov eut l’air surpris, puis dénonça un nouveau stratagème mais finalement il accepta les excuses. Elle pensa qu’il avait probablement eu pitié d’elle.
Elle lui proposa de s’acheter une nouvelle arme, pour remplacer l’autre, disant qu’Arras avait reçu les instructions pour lui fournir le modèle qu’il voudrait. Pétro refusa, arguant que son arme valait plus pour le souvenir qu’il en avait et qu’il pouvait s’acheter lui-même un autre fusil s’il voulait.

 

Arras rendit la pièce d’or la semaine d’après. Entre temps Priam avait discrètement déposé les pièces de Morcedai dans le trésor du village.

Lynn avait disparu de la circulation, et Lemaire l’évitait probablement car elle ne le croisait plus. Elle se sentait littéralement écartelée entre lui et Anathor, tous les deux avaient l’air convaincus que de défendre l’un amènerait forcément Priam en désavouer l’autre. Pourquoi ces trois là justement, ceux à de qui elle se sentait le plus proche, les trois qu’elle aimait tant, pourquoi s’affrontaient ils ?

Finalement Anathor se rendit à la raison, et s’il le lui avait demandé, elle aurait juré sur sa vie propre. Priam resterait aux côtés d’Anathor, quoiqu’il arrive. Si elle voulait un jour quitter Vendoré, elle n’irait nulle part sans lui. C’est d’ailleurs exactement ce qu’elle avait dit à Walter une semaine plus tôt. Et en son for intérieur, elle était convaincue que c’était cette déclaration qui avait poussé Walter à vouloir faire remplacer Anathor à la mairie.

Priam avait écrit une lettre au Chef des défias et c’est un magistrat qui la convoqua. L’elfe s’y présenta, ponctuelle, et s’entretient longuement avec le vieil homme. Elle voulait savoir ce que Lynn et Walter risquaient s’ils étaient reconnus coupable, et dans quelle mesure ils pouvaient l’être réellement au regard de la loi des Défias. Elle chercha à défendre Walter et mais aux réponses du magistrat elle comprit qu’il valait mieux lui faire confiance que de chercher à l’influencer.
Tous deux abordèrent ensuite d’autres sujets. Priam lui demanda s’il voulait bien donner ou prêter à Vendoré un exemplaire les lois des Marches. Elle lui posa aussi des questions sur ce qu’il pouvait savoir au sujet des sömers. Elle était curieuse de savoir comment les défias récupérait les corps et s’ils gardaient trace des lieux où ils les trouvaient.

Comme elle voulait aussi organiser la protection d’Anathor et renforcer la sécurité dans le village, elle se présenta au commandant Darius, qui avait pris la tête des entraînements défias depuis le départ d’Elise.
Le Défias avait accepté sa requête et le soir même elle informait Anathor de ses démarches.

 

Le lendemain Priam guettait l’arrivée des Défias. Ce furent des nouveaux sömers qui se présentèrent. Elle allait se présenter à eux pour les accueillir quand Mordecaï l’appela pour qu’elle se retourne. La voix du guerrier était étrangement altérée, aussi Priam fit-elle volte-face.
Un cercle ésotérique bleuté, complété par des bougies était apparu sur le sol, dans l’herbe juste derrière elle. En son centre, un corps apparut rapidement. Elle la reconnu aussitôt. C’était Lynn, le corps ouvert béant. Morte.
Priam resta sans voix et comme tétanisée pendant de longues secondes. Autour d’elle les sömers nouveaux et anciens hésitaient à s’approcher. On cria sur sa droite qu’il ne fallait toucher à rien. Et puis le cercle disparu, les bougies aussi. Le cadavre de Lynn était allongé dans l’herbe. Il y eut un brouhaha ensuite mais Priam n’entendait plus rien. Les yeux embués de larmes, le cœur affolé, elle chercha Lemaire dans la foule et ne le trouva pas. Il ne valait mieux pas qu’il voit cela.
Priam voulut prendre Lynn dans ses bras, mais déjà d’autres la tenaient. Elle aurait voulu la serrer contre elle et l’embrasser, mais des mains inconnues l’emmenaient plus loin.
Plus tard, elle se retrouva sur la plage, sans savoir comment elle y était parvenue. Puis elle sentit une présence, une chaleur. Anathor l’avait rejointe et la tenait dans ses bras. Elle put donner libre cours à sa douleur et à son désarroi.

Les deux jours suivant passèrent étrangement. Priam parvenait à sourire et à exécuter ses tâches habituelles. A chaque instant cependant, une douleur lui traversait le cœur comme elle se rappelait tout à coup que Lynn n’était plus.
Les Défais avaient finalement pris position dans le village, et le conseil s’était réuni à plusieurs reprises pour discuter des prochaines lois à promulguer, du fonctionnement du village, des pouvoirs et des devoirs des membres du conseil…
Mais Priam se sentait comme en dehors d’elle-même, vide, et perdait le fil de la conversation. Parfois quand elle se retournait elle trouvait Anathor qui lui souriait. Un jour il y eu Curare, et puis Miglumen, et Lhûn, et Alvin aussi, qui la rappelaient à la vie et au quotidien.

Lhûn était particulièrement présent et prévenant. Elle apprécia tout de suite sa compagnie et fut surprise à maintes reprises par la façon qu’il avait de finir ses propres phrases, ou de dire tout haut ce à quoi elle était justement en train de penser.
Dans ses yeux, il n’y avait que de la douceur, et dans ses mots, il n’y avait jamais de sens caché, ni aucune violence, ni aucune amertume.
Pouvait-on ressentir à la fois un grand bonheur et une grande peine ? Priam fut si troublée par l’apparente bonté de son apprenti qu’elle en vint à penser que peut être Lynn n’avait été qu’une figure expiatoire et que, réincarnée sous les trais de Lhûn, elle pouvait enfin accepter l’affection que Priam lui portait, et la lui rendre.

Après l’autopsie, Anathor organisa la crémation. Il alluma le brasier et Priam prit la suite des opérations. Il la laissa faire alors que ça n’était pas nécessaire. Ensuite Priam invita quelques sömers dont elle souhaitait la présence pour enterrer les restes de la défunte. Elle avait choisi un endroit devant lequel elle passait tous les jours, à la croisée des chemins. Tous vinrent, hormis Lemaire, qu’elle n’avait pas revu.

Walter.
Il devait être au courant, et avait choisi de s’isoler, sans doute.
Priam s’inquiéta pour lui et décida d’aller fouiller le port à sa recherche. Elle ne le trouva pas et personne ne su dire où il pouvait être.
Quand elle revint au village, elle le trouva près d’un feu, perché sur un tabouret.

 

La vie de Priam devenait plus calme et cela lui plaisait. Le matin elle se levait juste avant les premières lueurs du jour, et elle arpentait les Marches pour cueillir des plantes pour Vendoré. Elle passait au port, voir si Lemaire était déjà réveillé, pour quelques instants amoureux avec lui.
A La fierté, elle travaillait ensuite avec le maître alchimiste qui achevait de lui apprendre son art. Puis elle se pressait de retourner au village.

La journée filait vite, entre ses apprentissages et les leçons qu’elle dispensait à ses « apprentis ». Elle passait plusieurs heures par jour avec Miglumen, Lhûn, Alvin et Magatha selon qu’elle était le professeur ou l’élève, à traiter des sujets des soins, de médecine, de plantes et de la fabrication de préparations alchimiques. Ces heures-là étaient trop courtes à son goût.

Dans l’après midi, elle passait sur le chantier pour voir l’avancée des travaux, s’entretenait avec le contremaître au sujet des projets à venir pour la communauté, et se consacrait ensuite à l’administration des stocks du village. Elle prenait soin de rencontrer chaque artisan et tenait les comptes des livraisons et des besoins pour établir les commandes à laisser à La Fierté le lendemain matin.
En fin d’après midi, elle retournait cueillir des plantes, avec Alvin parfois, ensuite elle travaillait à la mine quelques heures avec Ulricht, en fonction de l’énergie qu’il lui restait encore.

Priam se rendait aux bains chaque soir et s’y délassait un moment. Elle troquait alors ses vêtements cadeaux des défias pour la robe qu’Anathor lui avait offerte.
Enfin elle passait à la mairie, tâchait de se montrer disponible pour les villageois, et s’entretenait longuement avec Anathor.
Parfois Lemaire passait au village, assez tard, et ils s’éclipsaient pour un moment tous les deux. Et puis finalement elle rentrait « chez elle » et sombrait sans s’en apercevoir dans un sommeil lourd.

Anathor veillait sur ses rêves aussi n’avait elle plus jamais peur.

Déposez ici votre commentaire